Ton chat est diabétique, et tu voudrais le suivre au mieux? Tu es au bon endroit!
Ici on va te prendre par la main et te livrer notre expérience, t’écouter, te rassurer, te conseiller, mais on te laisse quand même le “sale boulot”.
En effet, afin de doser au mieux l’insuline, il va falloir mesurer la glycémie du minou! Dit comme ça, ça fait un peu peur, mais avec un peu d’expérience tu feras ça les yeux fermés (et le chat il s’en fiche, ça ne lui fait même pas mal!) et petit bonus non négligeable: ça peut aussi lui sauver la vie!
Pour commencer, il te faut un glucomètre (Ici on utilise majoritairement le One Touch Verio, mais le Freestyle Optium Neo est pas mal non plus: il permet également de mesurer le taux de cétones, ce qui est très pratique quand ton chat est sujet aux valeurs hautes pour anticiper et éviter une acidocétose) des p’tites bandelettes pour le glucomètre, et des p’tites lancettes si tu te sers de l’autopiqueur fourni avec l’appareil, sinon l’aiguille d’une seringue fera l’affaire.
En attendant que le gentil facteur dépose ton glucomètre dans ta boîte aux lettres, tu peux habituer Chatounet à se faire tripatouiller les oreilles: lors d’un moment câlin tu prends doucement son oreille juste ici:
Nikita vous surveille!
et tu la “masses” entre le pouce et l’index, d’abord deux secondes, puis trois, etc… puis tu fais comme si tu allais le tester: tu t’inspires de la vidéo de Kailee (ou d’une autre, si tu préfères) et tu répètes les gestes. Attends toi à ce que le chat te croie dingue, ça fait partie du plan!
Ton gluco est là? Chouette! Après avoir lu la notice je t’encourage à visionner La vidéo de Kailee (NB: si ton chat n’est pas fan du vert, ou des sacs, ou des sacs verts, tu peux faire sans, comme moi ou Stephanie, ou Martine; c’est juste que Dallas il est mignon comme ça, mais il a mangé ses 438 propriétaires précédents, alors elle se méfie) plusieurs fois de suite, puis quand tu es calme et détendu.e tu te jettes à l’eau. Si ça ne marche pas du premier coup, pas de panique, tu poses tout, tout le monde se calme, on réessaye plus tard. N’insiste pas, ça va vous stresser tous les deux!
Comme tu es un.e chouette domestiqué.e, une fois la saignée terminée, pas besoin de te préciser qu’il faut féliciter Minouchet de ne pas t’avoir arraché un bras, et même lui donner une récompense pour lui donner envie d’être tout aussi sage la prochaine fois!
Tester à la maison c’est chouette, ça t’occupe quand il fait moche dehors, ça te permet de créer des liens avec ton chat, mais surtout, ça te permet d’avoir une idée précise sur la façon dont son traitement agit sur lui. C’est plus fiable que chez le véto parce que Chachat est beaucoup plus zen à la maison que chez le véto; ça te permet de réajuster le dosage, de déceler une hypoglycémie avant qu’elle arrive… et surtout, comme on voit ce qu’il se passe on peut aussi t’aider, c’est pas génial ça?
L’idéal, c’est d’arriver à recueillir les valeurs avant l’injection et quelques valeurs intermédiaires à heure fixe (2heures après, 5 heures après, etc…) et le must of the must, c’est d’arriver à faire une courbe sur au moins douze heures de temps à autre (toutes les heures ou toutes les deux heures) comme ça tu vois si le fauve surfe, ou si au contraire il descend tout schuss pour remonter en flèche, ou encore si il décide de planer dans les hautes sphères… Chaque cas de figure est intéressant pour situer son état et ajuster son traitement, alors à vos aiguilles, prêts, piquez!!
🙂
A consulter:
- pratique du test de glycémie (instructions avec photos)
- test de glycémie à domicile: utile ou superflu?
- l’index des vidéos pour retrouver facilement les démonstrations et les témoignages
En bref (pas si bref en fait…)
Ton objectif et que le chat associe le test de glycémie à quelque chose d’agréable, et non à une contrainte.
C’est pour ça que tu va tenter de “noyer” le moment désagréable du test, à savoir le fait de tenir l’oreille, et dans une moindre mesure la piqûre (qui est très brève et ne fait quasi pas mal), dans un ensemble agréable, qui se termine par une récompense.
Si tu as affaire à un client récalcitrant, tu vas “construire” petit à petit le rituel du test.
Si tu forces le chat et que c’est une expérience traumatisante, ce sera encore pire la prochaine fois.
Commence donc par choisir un endroit pratique pour le test: sur une table, bien éclairé, calme, avec le matériel de test en vue. Tu y mets le chat, tu lui donnes une récompense. Tu répètes ça plusieurs fois par jour, et tu verras que le chat aura vite compris et viendra de lui-même au lieu de test.
Ensuite, tu rajoutes le tripotage d’oreilles: tu mets le chat sur le lieu de test, tu lu fais des gratouilles, et hop, mine de rien, tu profites de la gratouille pour t’approcher de l’oreille et la toucher/triturer/tenir (en fonction du seuil de tolérance du chat en question) brièvement. Avant que le chat ait pu comprendre ce qui lui arrivait, c’est retour aux gratouilles et friandise. S’il a filé (ça arrive), tu le remets sur le lieu de test, et tu récompenses.
A force de répétitions, le chat va comprendre que le tripotage d’oreilles est suivi par la récompense sympa, et du coup il tolérera mieux — ou même, l’associera à quelque chose de positif.
Ensuite, tu commences à “tenir” l’oreille comme si tu faisais le test. Prends le glucomètre dans la main pour t’aider à mieux faire semblant.
Tu vois l’idée? Tu construis pas à pas la séquence que tu veux pouvoir réaliser avec ton chat, en tentant de rester tout le temps juste en-dessous ou juste autour de son seuil de tolérance. Si tu vas trop vite, le chat se braque — il faut alors revenir une étape ou deux en arrière.
C’est le même principe qui est utilisé en “clicker training”, outil qui peut d’ailleurs être utilisé pour apprendre encore plus facilement au chat à accepter les tests. L’article ci-dessus t’aidera peut-être à mieux comprendre le principe.
Si c’est trop galère, n’hésite pas à commander un sac de contention.
Ça peut paraître barbare, mais ça peut être une très bonne solution. C’est mieux que de poursuivre le chat dans tout l’appartement ou de se faire lacérer à tenter de le maintenir. Le chat apprend très vite à associer le sac avec la friandise et vient s’y mettre tout seul. Demande à Kailee!
Quand tester, et combien?
Au début, pendant que tu apprends, tu vas tester quand tu peux. Le but c’est d’apprendre et de mettre en place le rituel! Donc si ce n’est pas évident de faire les tests, ne te stresse pas encore avec le “quand”.
Ensuite, une fois que tu es à l’aise, tu vas prendre la glycémie avant chaque injection, et au minimum une autre fois dans la journée, idéalement au moins une fois à l’intérieur de chaque cycle. On essaie de viser le nadir, mais si on ne peut pas, n’importe quelle autre valeur fera l’affaire (le soir, typiquement, on va prendre une mesure juste avant de se coucher, même si le nadir est encore loin). Pour Lantus/Levemir, voici quelques informations pour interpréter des valeurs de glycémie à divers moments du cycle.
Ce qui nous intéresse le plus, c’est le nadir, #nadir ,autrement dit le pic d’action de l’insuline: c’est la valeur la plus basse à laquelle descend la glycémie durant un cycle. On veut que cette valeur soit la plus basse possible tout en gardant une marge de sécurité. Cette marge de sécurité est définie en fonction de l’insuline utilisée, de la méthode de dosage, et de la capacité à surveiller le chat et à réagir en cas de valeurs basses.
Attention à ne pas vous emmêler les pinceaux! On ne vise donc pas les mêmes valeurs avec Caninsulin et Lantus, par exemple. Un cycle qui descend à 60 avec un protocole visant la régulation stricte, c’est très bien. Mais avec Caninsulin, la même valeur devient dangereuse!
Quand a lieu le nadir? ça dépend de l’insuline, et du chat. Avec Caninsulin, ça peut être déjà à +3, mais aussi à +5 ou +6. Avec Lantus, ou Prozinc, c’est plutôt après +5, parfois même +8 ou +9. Avec Levemir, c’est encore plus loin: on voit des nadirs qui ont lieu au début du cycle suivant, à +13!
Donc, pour revenir à la question, on essaie d’attraper ce fameux nadir. Mais pour savoir où il est, il faut y aller à tâtons. En observant cette valeur sur quelques jours, on pourra donc dire si la dose d’insuline est trop faible ou trop forte, et donc la régler (pour plus de détails sur le réglage de la dose, voir Caninsulin mode d’emploi, SLGS et TR pour Lantus/Levemir; Prozinc est assez similaire à Caninsulin, voir le protocole pour Prozinc sur FDMB).
Mais attention! En “visant” pour faire juste une mesure, on ne peut pas être 100% certains d’avoir eu le nadir. Celui-ci peut bouger d’une heure ou deux d’un cycle à l’autre, chez le même chat. C’est pour ça qu’on fait aussi des courbes (voir plus bas).
On va aussi vérifier la glycémie juste avant l’injection. Cette mesure ne nous sert pas à régler la dose, mais nous sert de filet de sécurité pour décider si on injecte ou pas. A nouveau, les “consignes” d’action en fonction des valeurs pré-injection varient d’une insuline à l’autre, de votre capacité à surveiller et votre expérience, ainsi que des données récoltées par le passé (d’où l’importance du tableau de suivi pour visualiser tout ça). Réfère-toi donc aux méthodes de dosage citées plus haut.
Il faut faire des courbes.
A moins d’avoir au quotidien suffisamment de mesures de glycémie pour pouvoir visualiser le taux de glycémie tout au long du cycle, il faut faire une courbe toutes les 1-2 semaines.
Donc, au quotidien, on mesure les valeurs pré-injection, une valeur dans le cycle, ou un peu plus si on est là et dispo.
Et une fois par semaine (le week-end est idéal), on fait une courbe, c’est-à-dire qu’on mesure la glycémie durant tout le cycle pour s’assurer qu’on a une bonne lecture du nadir. En effet, en “visant” pour faire une mesure unique autour du nadir, on peut passer à côté de quelque chose. Par exemple, si la dose d’insuline est trop forte, la glycémie peut baisser brutalement en début de cycle, et remonter droit derrière (ce qu’on appelle un rebond). En faisant une mesure unique on risque de rater la valeur basse et ne voir que la valeur plus élevée du rebond.
Donc, quand on peut, on fait une courbe. Et c’est vraiment là-dessus qu’on va se baser pour évaluer la régulation et changer la dose d’insuline, s’il y a lieu. Changer la dose de glycémie en se basant sur un trop petit nombre de mesures, ou à plus forte raison sur les valeurs pré-injection, c’est dangereux.